Les 12 travaux de l'implication

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Impliquer ou s’impliquer dans un projet collectif ?


Avant d’entrer dans le détail des 12 travaux, commençons par un petit point sémantique. On ne peut pas impliquer quelqu’un à sa place, enfin si… mais dans ce cas là, c’est plutôt dans une « affaire fâcheuse » comme le dit le Larousse :-). Le verbe sur lequel on travaille ici est donc bien s‘impliquer. Si vous faites partie d’un groupe dans lequel vous souhaitez augmenter l’implication, la seule chose à faire est de créer les conditions pour que les gens s’impliquent eux-mêmes. C’est donc à cela que servent les 12 travaux de l’implication.

Les ratios d’implication dans un groupe


Dans un groupe, on distingue quatre types de posture d’implication, que l’on retrouve généralement avec les ratios suivants :

  • Les proactifs & proactives qui représentent 1 à 5% du groupe
  • Les réactifs & réactives qui représentent 10 à 50% du groupe
  • Les observateur·ices & les inactif·ves qui représentent le reste : donc de 50 à 90% du groupe.

Quelques idées à retenir à ce niveau :

  • On parle bien de postures dans un projet particulier et pas de cases où enfermer les personnes. Réfléchissez pour vous-même : vous êtes sûrement proactive dans certains projets et observatrice ou réactive dans d’autres, non ?
  • Viser les 100% de proactivité ou de réactivité n’est pas possible (est-ce seulement souhaitable ?), notamment quand on parle d’un groupe dépassant une douzaine de personnes.
  • Distinguer les observateurs des inactifs est quasi impossible : est-ce que ces personnes n’en ont rien à faire ou est-ce qu’elles regardent les infos sans réagir ? Pas évident… mais gardons la distinction en tête.
  • Gardez en tête qu’il s’agit de ratio, ce qui a 2 conséquence:
    • L’une des erreurs les plus fréquentes est de commencer à envoyer les infos à tout le monde puis de réduire le groupe aux seul·es réactif·ves et proactif·ves (en pensant que tous les autres sont inactif·ves). Dans ce cas là, le groupe diminue et on se retrouve bien souvent comme seul·e proactif·ve à la fin 🙂
    • À l’inverse, une des premières pistes pour augmenter l’implication est de se demander à qui rendre visible ce que l’on fait, qui cela pourrait intéresser.

La présentation du groupe étant faite, on peut maintenant passer aux 12 travaux de l’implication dont l’objectif est donc de titiller les 5% de proactivité et les 50% de réactivité !

Fluidifier l’implication


Les 4 premiers travaux sont issus de la méthode REPI de Jean-Michel Cornu. REPI est un acronyme de Rencontres régulières, Envoi d’invitations (parfois Échanges entre les rencontres), espace de Partage et flux d’Information. L’objectif de cette méthode est de fluidifier la montée et la descente de cet « escalier de l’implication ». En effet, même si cela peut sembler contre-intuitif, faciliter aussi la descente (voire la sortie) peut favoriser la montée (et l’entrée) ! N’êtes-vous pas rassuré·e, lorsque vous entrez dans une pièce, de savoir où est la sortie en cas de besoin ? Si les marches sont trop hautes, ou s’il en manque, on n’arrive pas non plus à grimper.

1. un flux d’Information
Il y a tout plein de personnes en dehors de votre projet, le flux d’information a pour objectif de rendre visible ce que votre groupe fait et de donner envie à d’autres personne de vous rejoindre. Cela peut prendre différentes formes : newsletter, blog, réseaux sociaux…

2. un espace de Partage
Cet espace de partage s’adresse aux membres de votre groupe. C’est un espace matériel ou numérique qui rassemble toutes les infos utiles de votre projet : trombinoscope & contact des membres, compte-rendu de réunions, projets en cours, philosophie… Rendre visible ce qui se passe permet aux inactives & inactifs de devenir observateur·ices !

À noter. Parfois, cet espace devient un peu grand, il est démultiplié en plusieurs sous-espaces et peut donc perdre son intérêt initial. L’astuce est alors de penser un espace unique qui ne contient pas toutes les infos mais, subtilité importante, est LE moyen d’accéder à toutes les infos. C’est ce que l’on appelle une « gare centrale » dans nos formations à la coopération.

Cela peut prendre la forme d’un tableau en liège (si vous avez la chance d’être physiquement tou·tes au même endroit), d’un pad, d’un wiki… Ou toute autre forme qui vous parait pertinente. Gardez bien en tête cet usage de gare centrale.

3. l’Envoi d’invitations
L’espace de partage est un outil « de stock » où l’on trouve toutes les informations mais où les membres doivent faire l’effort d’aller. Il est important d’avoir également un outil « de flux » pour pouvoir Échanger entre les rencontres (c’est parfois le E de la méthode REPI). Parmi ces échanges, ceux qui sont primordiaux pour l’implication sont l’Envoi d’invitations qui permet aux observateur·ices de participer et donc de devenir réactifs et réactives. Idéalement, cela prend la forme d’un message court (lisible en moins de 2 minutes) avec toutes les infos pratiques pour participer.

4. Rencontres régulières
C’est le cœur d’un collectif, les rencontres régulières ne concernent pas toujours l’ensemble du collectif mais permettent aux réactif·ves de participer et donc de devenir proactif·ves.

À noter : on présente la méthode REPI dans cet ordre pour expliquer la montée de l’escalier. Dans la réalité de l’animation, il est souvent plus pertinent de s’attaquer aux choses dans le sens inverse. Animez d’abord des rencontres régulières, puis des envois d’invitations efficaces, un espace de partage mis à jour régulièrement et enfin un flux d’info pour raconter ce que l’on fait. 😉 L’idée générale est d’avoir bien toutes les marches, même si on ne fait pas tout très bien.
Prendre soin des personnes

Eh oui, un groupe c’est un ensemble de personnes et il est important d’en prendre soin si l’on veut que le PFH, Précieux Facteur Humain ne se transforme pas en Purée 🙂 de Facteur Humain ! Voici donc les 4 travaux suivants.

5. Identifier les motivations & les freins de chacun·e = seuil d’implication
Le seuil d’implication pour une personne n’est « que » la balance entre ses motivations et ses freins. Pour favoriser l’implication, il est donc important de prendre régulièrement le temps de questionner les membres. Cela permet d’analyser quels sont leurs motivations (et comment les nourrir) et leurs freins (et comment les diminuer) afin d’abaisser le seuil d’implication.

Petit exemple d’un frein que l’on voit souvent dans un groupe : le mot de passe pour accéder aux informations. D’ailleurs, est-ce bien toujours nécessaire de mettre en place un mot de passe ? 😉

6. Accueillir
On n’y pense souvent mais on le fait plus ou moins bien. L’accueil est primordial pour que les nouveaux & nouvelles comprennent comment le groupe fonctionne, quels sont les outils utilisés, comment s’en servir, quels sont les projets en cours, les lieux d’implication possibles… Cela peut prendre différentes formes : un parcours d’accueil, un parrainage ou marrainage, etc.

7. Accompagner la désimplication
Ça, on n’y pense moins souvent et on le fait très peu. Pourtant, c’est une étape très utile pour au moins deux raisons. D’abord pour remercier les personnes qui s’en vont, pour le temps de vie qu’elles ont consacré au projet. Ensuite pour recueillir leurs retours sur le projet (les langues se délient souvent en partant) et les raisons de leur désimplication (et ainsi voir s’il y a des choses à améliorer).

8. Prendre soin des réactives & réactifs
On ne peut pas tout faire et les journées ne font que 24 h. Le conseil est donc de prendre particulièrement soin des réactifs & réactives (celles & ceux qui sont là aux rencontres) pour comprendre leurs motivations, leurs freins et leurs envies. La réactivité d’aujourd’hui est la proactivité de demain 🙂
Prendre soin du groupe

Au-delà des individus, il est important de prendre soin du groupe en tant que tel. Ce qui constitue les 4 derniers travaux.

9. Identifier la raison d’être
Sur notre infographie, la raison d’être est matérialisé par le soleil qui rayonne sur l’ensemble du groupe. C’est un peu cela la définition de la raison d’être. C’est la réponse à la question Pourquoi ? Pourquoi passons-nous du temps de vie ensemble ? Quel est le projet de ce collectif ? Identifier la réponse à cette question est importante, la rendre visible et la rappeler régulièrement aussi. La raison d’être peut être réinterroger de temps en temps également.

10. Co-construire le projet
Pour favoriser l’implication, la co-construction est primordiale. En effet, si tout est défini par moi-même, je cherche plus des exécutant·es pour mon projet que d’autres personnes pour mener à bien un projet collectif. Cela fait écho à notre dernière infographie sur la posture d’attention (versus posture d’intention) qui favorise la coopération.

11. Rendre visible les lieux d’implication
Parfois la seule chose qui manque, c’est de rendre visible les différentes manières de s’impliquer. L’idée est simple : créer un point de rencontre entre les besoins du groupe et la bonne volonté des individus. Mettez en lumière l’ensemble des tâches à réaliser en les classant par durée, types de compétence nécessaire… Comme ça, chacun·e peut se positionner quand ça l’arrange.

Bien sûr, cette liste est à travailler / co-constuire lors des rencontres (point 4) ou encore de l’accueil (point 6)… et elle doit être visible sur l’espace de partage (voir point 2).

12. Célébrer les réussites
Il est récurrent d’avoir la tête dans le guidon. 🙂 Alors gardez en tête qu’il est important de savoir marquer des pauses pour prendre le temps de regarder le chemin réalisé, célébrer les réussites et d’ainsi rendre le groupe visible à lui-même. Et puis c’est l’occasion d’un moment convivial, avec à boire et à manger. C’est un bon moyen pour attirer des observateur·ices, et remercier les proactif·ves et réactif·ves.
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  • 1er regroupement (mars)

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